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Visite chez les Hutterites.

dimanche 14 février 2016, par Anne

Visite chez les Hutterites.

Une fois n’est pas coutume mon article ne contiendra pas d’image. Quel dommage ! Mais je me suis engagée à ne mettre aucune photo des personnes que j’ai rencontrées sur le site .

J’ai été accueilli ce matin dans la classe de Marika (la femme de Terry Pattison le directeur de l’école d’Eaglesham). Elle enseigne aux enfants de la colonie Huterrite âgés de 8 à 15 ans. Une sorte de classe unique très particulière.

Les garçons portent des pantalons noirs , des bretelles et des chemises à carreaux . Les filles portent des longues robes à manches courtes et des foulards noirs.

L’arrivée des enfants et pour moi assez surréaliste dans leurs tenues d’un autre temps.

Ils récitent le « Notre Père » puis chantent avec une ferveur étonnante l’hymne canadien !! (pour la justesse j’aurais du travail)

Les enfants sont heureux d’avoir une visiteuse et les questions fusent de la part des plus grands.

Où habites -tu ? Habites-tu dans une ferme ? Est-ce que tu joues au hockey ? … les plus petits m’apportent un livre. Je fais la lecture en anglais. Ils sont très enjoués et mon accent français les fait beaucoup rire. Les grandes filles sont très effacées.

Les enfants hutterites vont à l’école de 6 ans jusqu’à l’anniversaire de leurs 15 ans. Un garçon de la classe finira au mois de mars. Ensuite ils vont travailler dans la colonie comme stagiaires à différents postes. Les hutterites sont des travailleurs courageux qui aiment le travail bien fait. Il est possible de payer leurs services pour repeindre votre maison ou la nettoyer du sol au plafond (travaux réalisés pas des femmes)

J’assiste à la classe de mathématiques des petits : les enfants réalisent des petites soustractions aidés par des cubes puis comme en classe de CP c’est l’heure des rituels : date, comptage des présents, météo !

Un grand moment, lorsque la maîtresse demande à votre avis qu’elle est la température extérieure : 20°, 40° qui dit mieux 3°... il fait -8 et il neige ! la maîtresse affiche WARM. Ici on affiche COLD à partir de -20°

Les grands vont en recréation en autonomie dans une salle sous les classes. S’engage alors une partie de Hockey hilarante avec la gardienne en grande robe. France – Canada égalité. On fait une photo souvenir. Les enfants sont calmes et heureux.

Ce matin je n’ai pas pris ma boîte à lunch car chez les hutterites la colonie prépare le repas pour tout le monde (environ cent personnes vivent ici) et le restaurant a très bonne réputation.

Les enseignantes mangent avec les enfants sous la surveillance du professeur d’allemand. J’oubliais ici on parle un dialecte allemand car les hutterites ont leurs origines en Autriche.

J’échange quelques mots avec le professeur. Le plus vieux des garçons se lève et récite une prière. Le repas (viande en sauce délicieuse, patates rôties, cheesecake) se déroule dans une ambiance monacale : aucun bruit à part la française et ses questions ... impressionnant.

J’entame ensuite la visite des cuisines. Tout est d’une propreté incroyable et l’équipement des cuisines est moderne. Je croise des femmes dans la cuisine dans leurs grandes robes bleues. Elles sont en train de nettoyer les hottes énormes de la cuisine : on dirait des abeilles dans une ruche. L’une d’elles me fait visiter la boulangerie et m’explique qu’elle doit cuisiner une semaine toutes les quatre semaines. Une petite photo de la réserve alimentaire je ne pense pas qu’ils m’en voudront.

Les légumes sont produits dans les jardins de la colonie , ils font leur pain délicieux (j’en achète trois pour Fiona. Cette colonie possède aussi un gros élevage de poulets et d’autres productions qui lui permettent de gagner de l’argent. Les maisons toutes identiques dans lesquelles vivent chaque familles sont très récentes (2008) et très bien entretenues.

Marika qui m’a si gentillement accueilli me reconduit à l’école d’Eaglesham. Nous échangeons sur cette forme de communauté assez religieuse, sur la place des femmes, la liberté individuelle.

Comment peut-elle enseigner à des filles et des garçons dont l’avenir est déjà écrit au service de la collectivité ??

Marika répond à cela : Qui suis-je pour me permettre de leur dire que ma vie est meilleure que la leur ?

Les hutterites sont autorisés à quitter la colonie : peu le font . Ils trouvent à la colonie une forme de sécurité : nourriture assurée, travail et surtout soutien de la colonie en cas de problème : une vie parfaitement organisée. Quid de l’intimité, du choix individuel....